Minute mythbuster poliorcétique avant le week-end.
Le chaudron d'huile bouillante déversé du haut des remparts sur des assaillants :
Comme beaucoup, vous saisissez bien l'infaisabilité de la chose notamment à cause du coût. Et peut-être que comme beaucoup également, vous imaginez qu'il était plutôt question d'eau bouillante ou de sable brûlant.
Et bien rien du tout. Une telle solution implique des contraintes techniques et logistiques importantes.
Déjà il faut prévoir le coup à l'avance au risque de se voir être obligé de demander poliment aux assaillants d'attendre que le chaudron chauffe pour donner l'assaut. L'élément de surprise étant capital pour la prise d'un rempart, il y à peu de chances que l'ennemi vous donne l'heure de sa tentative. (#1602).
Ensuite il faut placer le dispositif au bon endroit. Surprise oblige, l'ennemi annonce rarement aux assiégés le point des défenses ou portera son effort. Et puis déplacer rapidement un tel dispositif tient de la magie de Disney (feu, chaudron, etc..).
Ensuite les chemins de ronde au sommet des remparts sont rarement de grands espaces ou on peut faire un grand feu, stocker du bois et trimballer la marmite de Panoramix. Sans parler du fait que les hourds d'un château sont en bois (super du feu...). Quant au mâchicoulis de pierre, et bien, la pierre à tendance à se fendre et à éclater à certaines températures. Donc faire un gros feu au sommet d'un rempart c'est vraiment déconseillé.
Et puis imaginons que ça se fasse quand même. Le temps que la flotte ou le sable arrive en bas, ça aura déjà bien refroidi. Efficacité discutable et réalisation impossible.
Du coup on balance que des trucs en dur. Y'a même des enluminures ou on voit des citadins balancer des meubles sur les assiégeants.
Par contre l'eau bouillante était bien utilisée pour la défense des places fortes mais pour contrer les sapes : pour détecter le creusage d'une sape, on plaçait en plusieurs endroits stratégiques des récipients remplis d'eau. Quand on la voyait frémir, on savait que l'ennemi creusait pas loin.
On le laissait faire pendant qu'on faisait bouillir l'eau des récipients et qu'on commençait une contre-sape. Une fois que l'adversaire entassait des fagots ou autres trucs inflammables dans sa sape, on balançait la flotte bouillante dans la contre sape. L'humidité ainsi créé par eau et vapeur rendait l'allumage de la sape impossible.
Le boulot et le danger que représente la sape doit peser bien lourd sur le moral quand on se fait niquer par un peu d'eau chaude.
Le boulot c'est creuser en étayant à mesure sachant que l'étayage doit pouvoir supporter le poids de toute la muraille à l'arrivée.
Le danger, au delà des risques d'être enterré vivant, c'est de faire tout ça à portée de vireton.
Bien sûr ce petit papier n'évoque qu'une petite partie du domaine fascinant de la poliorcétique.
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